Qui n’a pas rêvé un jour de créer son entreprise !
Devenir dirigeant d’une entreprise ne s’improvise pas. Il est important d’être entouré et de se faire accompagner tout au long ce parcours du combattant.
Les 10 erreurs à éviter absolument – Source Le Journal des Entreprises – Septembre 2016
- Négliger l’appui de ses proches
Pouvoir compter sur ses proches, sa famille en particulier, est la clef du succès d’un projet de création d’entreprise. « Il faut que le projet soit partagé avec la famille, et notamment le conjoint. Un projet d’entreprise est forcément un peu un projet familial et il faut que le conjoint ait conscience qu’il existe une part de risque », explique Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre. « Créer une entreprise a forcément un impact sur la vie familiale. Le créateur sera moins souvent à la maison, surtout au démarrage. Il peut aussi avoir besoin de l’aide du conjoint pour des tâches administratives… Bref, c’est un choix de vie qui doit être partagé si on veut que cela fonctionne », abonde Julien Pyleyre, spécialiste de la création d’entreprise chez In Extenso. Et il ne faut pas oublier les aléas financiers. « Le salaire peut ne pas être le même tous les mois. Il peut y avoir plusieurs mois où il y aura des efforts à faire, où il faudra se serrer la ceinture. Il faut donc que le conjoint soit au côté du créateur et qu’il contribue à le rassurer, à lui donner confiance », développe Gérard Leseur. Et d’ajouter : « Le rôle de la famille est capital dans la réussite d’une entreprise. En revanche, je suis farouchement opposé à ce qu’il y ait de l’argent familial dans l’entreprise. Quand tout fonctionne, cela ne pose pas de problème, mais dès qu’il y a des difficultés, vous avez non seulement celles-ci à gérer, mais aussi les relations avec la famille ».
- Faire l’impasse sur les banques
Seulement 22 % des créateurs d’entreprise sollicitent leur banquier au démarrage de leur activité. Une erreur aux yeux des professionnels de la création.
Selon une étude de 2013 de l’Agence France Entrepreneur seulement 22 % des créateurs d’entreprise sollicitent leur banquier au lancement de leur activité. Or, même si vous êtes en mesure de financer votre création avec vos économies ou grâce à de l’argent recueilli auprès de proches, l’appui des banques est capital pour votre réussite future. « On voit encore trop de porteurs de projets qui se lancent sans présenter leur projet à leur banquier car ils partent du principe que ce dernier ne les suivra pas. C’est vrai que les banques financent difficilement, mais elles sont aussi des filtres. Quand une banque valide votre projet et décide de vous faire confiance, cela donne de la crédibilité au projet et cela rassure le chef d’entreprise. On peut aussi s’appuyer sur des organismes qui octroient des prêts d’honneur pour s’en servir de leviers auprès des banques », expose Nathalie Finger-Ollier, directrice associée du cabinet Avocats et Partenaires. Parmi les organismes qui octroient des prêts d’honneur, l’un des plus connus est le Réseau Entreprendre. Mais pour son président Gérard Leseur, le seul prêt d’honneur ne suffit pas et « faire l’impasse sur les banques est une grave erreur. Il faut pouvoir négocier des découverts et surtout suivre sa trésorerie de façon journalière, que l’on soit une petite, une moyenne ou une grande entreprise. La trésorerie, c’est le sang de l’entreprise. Et le minimum quand on lance une entreprise, c’est d’avoir deux banques », développe le président du réseau.
Deux banques valent mieux qu’une
Pourquoi deux banques ? Pour mieux se couvrir ! « Une banque peut avoir une grande confiance en votre projet, mais lors d’un changement de direction dans la banque, votre entreprise peut ne plus être comprise. Il peut aussi y avoir des nouvelles règles prudentielles au sein de la banque. Celles-ci vont changer la gestion de votre trésorerie au quotidien et vous plonger dans les difficultés. Avec deux banques, il est rare que les deux modifient leurs règles en même temps. Cela vous offre une sécurité supplémentaire », argumente Gérard Leseur.
- Vouloir aller trop vite et ne pas se faire accompagner
Confondre vitesse et précipitation est souvent préjudiciable… C’est le cas lorsque l’on décide de se lancer trop vite dans la création d’une entreprise !
Faire une étude de marché, établir un business plan, trouver des financements, décrocher ses premiers clients… Créer son entreprise nécessite du temps. Or les créateurs ont trop souvent tendance à confondre vitesse et précipitation ! « Avoir une idée géniale, c’est très bien, mais encore faut-il qu’elle réponde à un besoin, qu’il existe un marché derrière. C’est la première chose qu’il faut vérifier avant de se lancer dans la création d’une entreprise. Certains ont tendance à passer un peu vite sur cette étape. Il faut au contraire prendre le temps d’analyser le marché potentiel, la concurrence et ne pas hésiter à se faire accompagner pour cela et pour les autres étapes de la création d’entreprise », expose Julien Pyleyre, spécialiste de la création d’entreprise au sein du cabinet d’expertise-comptable In Extenso.
L’accompagnement, la clef du succès ?
Idem pour l’élaboration du business plan et de l’étude financière, qui vont permettre au porteur de projet de connaître son besoin initial et la rentabilité possible de son projet. « Il faut prendre son temps et surtout s’appuyer sur une personne expérimentée. Au-delà des chiffres, l’accompagnement apporte aussi de la confiance. Une personne expérimentée à côté de soi va vous obliger à regarder loin l’entreprise, à vous projeter à cinq ans pour bâtir une vraie stratégie. C’est ça le métier d’entrepreneur, c’est de regarder loin », commente Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre. « En se faisant accompagner, le porteur de projet augmente ses chances de réussite et dans le même temps le taux de pérennité de son entreprise. De nombreuses études ont montré que, sur l’ensemble des créateurs en France, 50 % ne passent pas le cap de la cinquième année alors qu’ils sont 80 % à réussir quand ils bénéficient d’un accompagnement par un professionnel », abonde Julien Pyleyre.
- Mal choisir son statut
EI, EURL, SARL, SAS, SA… Pas facile de s’y retrouver parmi la multiplicité des statuts juridiques possibles. Pourtant il s’agit d’un choix stratégique pour le futur de votre entreprise. « On choisit sa forme juridique en fonction de la vie sociale et de la stratégie que l’on veut adopter. L’erreur serait donc ne pas avoir réfléchi au statut social et de choisir sa forme juridique, soit parce que c’est la plus connue, comme la SARL, ou parce qu’elle a le vent en poupe, comme la SAS », développe Nathalie Finger-Ollier, directrice associée chez Avocats et Partenaires. Et de poursuivre : « Le fait de se tromper n’est pas grave en soi, mais cela coûte de l’argent. Je peux toujours transformer une société, mais cette transformation a un coût. Il y a un commissaire à la transformation, des coûts de publicités, de dépôt aux greffes, d’assemblée, de refonte de statut. Cela peut facilement coûter 3.000 à 4.000 euros. Ce qui au final, coûte plus cher que la constitution de votre société ».
Pour quel régime opter ?
Pour éviter d’avoir recours à une transformation coûteuse, autant faire le bon choix d’emblée ! Pour ce faire, il y a plusieurs critères à prendre en compte. « Quel a été le statut social jusqu’à présent du créateur ? A-t-il des problèmes de santé ? Est-ce un homme ou une femme en âge de faire des enfants ? Ces questions sont importantes car dans certains cas, il est préférable d’opter pour le régime de la sécurité sociale, et donc le statut de patron assimilé-salarié. Une créatrice en situation de maternité a donc tout intérêt à être assimilée-salariée. Elle peut donc opter soi pour la SAS en étant présidente ou pour la SARL en étant gérante égalitaire ou minoritaire », développe Nathalie Finger-Ollier. Si l’on envisage de faire entrer des associés, soit par cessions de titres, soit par augmentation de capital, les statuts SAS et SARL sont aussi à privilégier. « On rappellera qu’en SAS les droits d’enregistrement sur cession de titres sont moins chers. Si on parle de peu de titres, ce n’est pas grave, mais si l’on parle de beaucoup de titres, cela peut tout à coup avoir un intérêt majeur », précise l’avocate d’affaires. Attention aussi à ne pas partir avec un capital trop bas. « En théorie, on peut créer une société à un euro, mais il ne faut pas oublier que le capital est le gage des créanciers. En cas de dépôt de bilan, si le capital social est insuffisant, la limitation de responsabilité saute », conclut Nathalie Finger-Ollier.
- Brader ses produits et prestations
Au démarrage, les créateurs ont tendance à casser les prix pour séduire. Une erreur fatale car c’est la valeur de votre travail que vous remettez en cause.
Un prospect connaît une autre entreprise qui peut lui fournir le même travail pour la moitié, voire le quart de votre prix ! Laissez courir ! La valeur de votre travail ne se marchande pas ! « Il ne faut surtout pas brader ses prestations. On ne gagne pas par du low cost, sauf si on est sur un marché low cost. En revanche, on doit travailler fortement ses compétences, ses facteurs de différenciations, la qualité de ses produits et de ses prestations, mais ne jamais casser ses prix pour tenter de se faire une place sur le marché », explique Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre.
S’attirer les foudres de la concurrence
Un point de vue que partage également Nathalie Finger-Ollier, directrice associée du cabinet Avocats et Partenaires. « Il faut être dans les prix du marché, sinon on se ridiculise et, en prime, on s’attire les foudres de la concurrence. On fausse le marché et en général, on ne parvient pas à tenir longtemps et à pérenniser son entreprise avec des prix cassés ». Sans parler de la difficulté ensuite à renégocier ses prix à la hausse auprès de ses clients. « On croit toujours que l’on va se refaire, mais c’est faux ! On ne parvient plus à rehausser les prix car le client est habitué à un prix bas », assure Gérard Leseur. Pour éviter cet écueil tout en se rendant attractif au démarrage de son activité, le créateur peut en revanche accorder un rabais lors de sa première prestation. Une sorte d’offre de lancement !
- Ne pas s’assurer de revenu
Parmi les erreurs fréquentes du créateur : la question du revenu. Avant de vous lancer, faites le point sur vos coûts fixes et vos charges. Assurez-vous que vous serez capable de couvrir votre loyer ou votre prêt immobilier, vos frais quotidiens, etc. « Il faut absolument connaître votre « smic », c’est-à-dire vos besoins minimum pour couvrir votre famille, répondre aux besoins de la vie de tous les jours. Il faut faire ce chiffrage et savoir combien de temps on va pouvoir tenir à ce niveau-là. Il faut donc bien négocier avec ses banques pour avoir des prêts pour assurer le développement de son entreprise et les salaires, et notamment son propre salaire minimum », détaille Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre. « Ne pas parvenir à se verser de revenu peut vite devenir problématique. Vous pouvez tenir quelques mois si vous avez pris des dispositions par ailleurs, mais si cela dure, c’est qu’il y a un problème plus global. Si vous ne pouvez vous verser de revenu, c’est que votre volume d’activité n’est pas suffisant et c’est la pérennité même de votre entreprise qui est en jeu », abonde Nathalie Finger-Ollier, directrice associé chez Avocats et Partenaires. À défaut de se verser immédiatement un salaire, prévoyez donc de quoi tenir au moins la première année, le temps que les bénéfices entrent. Pour les créateurs demandeurs d’emploi, il peut être intéressant de maintenir les allocations chômage le temps du lancement. Pour les autres, avoir de l’argent de côté ou compter sur le salaire du conjoint est un plus.
- Zapper la couverture santé et prévoyance
Vous n’êtes plus salarié ! Il vous faut donc penser à cotiser pour la maladie, l’accident de travail, la retraite… Bref, il faut vous constituer votre propre protection sociale. Problème, beaucoup de créateurs n’y pensent pas ou préfèrent ne pas y penser. « Bien que l’on soit prescrit par les cabinets comptables, certains créateurs zappent leur couverture santé et prévoyance. Ils préfèrent développer leur entreprise, voir comme cela se passe, et seulement ensuite penser à leur protection sociale », confie Virginie Agrain, conseillère AG2R La Mondial en charge du marché des professionnels. Souvent, la problématique est financière. Par soucis d’économie, le créateur fait l’erreur de ne pas se couvrir. Une erreur qui peut vite s’avérer délicate à gérer. « Quand vous êtes au RSI, vous n’avez droit qu’à un forfait journalier de 21 € en cas d’arrêt de travail. Il faut le savoir ! Il faut aussi avoir conscience qu’un arrêt de travail, une invalidité ou un décès peut remettre en cause la pérennité de l’entreprise. Il faut donc aussi penser à couvrir les charges fixes comme les loyers », explique Virginie Agrain. Et d’ajouter : « La mutuelle est devenue obligatoire pour toutes les entreprises depuis le premier janvier, mais la prévoyance est encore trop souvent mise de côté. Or c’est essentiel ! Autant, on peut mettre de côté la question de la retraite durant une ou deux années d’activité, autant il ne faut pas faire l’impasse sur la prévoyance ! »
- Ne pas se faire payer dans les temps
La trésorerie fait partie des éléments clés de la bonne gestion d’une entreprise. Un
volet à ne sacrifier sous aucun prétexte.
« L’élément vital du chef d’entreprise, c’est sa trésorerie », lance Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre.
Trésorerie: haute surveillance exigée
Partant de ce principe, il vous faut désormais vous assurer quotidiennement que cette trésorerie est à flot en la’ surveillant comme le lait sur le feu. « Cela veut dire que tous les matins, le premier travail du chef d’entreprise, c’est que l’on facture vite et que l’on se fasse payer. Et pas à la Saint- Glinglin ! Se faire payer c’est une chose, mais faire en sorte que la facture soit éditée dans les bons délais, c’est encore autre chose et c’est là que l’on peut gagner du temps », détaille Gérard Leseur.
Mise en place d’indicateurs
En effet, les créateurs d’entreprise ont trop souvent tendance à mettre de côté la paperasse, à remettre à demain l’édition des factures pour se concentrer sur la conquête de nouveaux clients.
La mise en place d’indicateurs et de tableau de bord est ainsi fortement recommandée. Il existe de nombreux logiciels permettant d’organiser ce genre de suivi.
Utilisation des acomptes payables à la commande
Une autre astuce du bon trésorier? Prévoir de demander des acomptes au client (30% environ) payables à la commande.
Pour les contrats de longue durée, on peut aussi envisager des versements à chaque étape, ce qui permet d’alimenter régulièrement sa trésorerie.
- Ne pas protéger son idée, son nom, sa marque …
Avoir une idée de produit ou de service, c’est bien ! Les protéger c’est encore mieux. Avec la mondialisation, la concurrence s’est accrue et vous n’êtes pas à l’abri de vous faire voler une idée, un concept ou même un produit. Comment se protéger?
Dépôts de brevets et autres outils de protection
Pour tout ce qui relève de l’innovation pure, il existe les biens connus dépôts de brevet, mais ce n’est pas tout.
« Il faut aussi penser à protéger son nom et ses éventuelles marques. Le choix du nom de l’entreprise est en cela déjà une première étape. Les créateurs n’y pensent pas forcément, mais il faut faire une recherche d’antériorité. Il n’y a rien de pire que de commencer son activité avec le nom d’une marque déposée.
On risque de s’exposer d’emblée à un procès. Et c’est encore pire quand cela arrive quelques années plus tard, quand votre entreprise, votre marque sont bien installées et qu’une décision de justice vous oblige à changer de nom. C’est la survie même de votre entreprise qui risque d’être remise en cause », développe Nathalie Finger-Ollier, directrice associée du cabinet Avocats et Partenaires.